La langueur du soleil

[rivière]

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La langueur du soleil​

L’aurore se lève
dessus la cathédrale Saint-Julien du Mans,
les voiles de la nuit s’enfuient au loin,
tandis que jaillissent les rires de fontaines,​

je marche adossée contre le glaive du vent,
mes longs cheveux de jais
se déroulent au creux de mes reins,
dans les squares,​

les feuillages s’inclinent devant
la langueur du soleil de juin.
J’ai vécu là mes premiers émois,
mes premières amours, mes premiers chagrins,​

et l’écho des psaumes de douceur,
les parfums des jardins m’assaillent au gré de mes pas,
mes bas de soie chatoient les pétales du zéphyr,
mes seins haut plantés, fiers et lourds,​

libres de toute attache, tressautent
sous ma robe de lin,
parfois des oiseaux griffent
les ciels d’azur et le vol des nuages,​

soudain, je te revois au détour d’un rue,
ô ma Douce, toi la Dame de mes pensées
qui hantais mes sens grisés,
toi mon amante aux yeux de clarté​

qui m’as quittée sans raison un jour pareil à celui-ci,
ton nom de baptême s’échappe de mes lèvres,
j’accours vers toi,
les rimes de mes escarpins brisent l’eau du silence,​

tu te retournes, souriante,
et nous nous embrassons sur les lèvres
comme au premier jour de notre amour,
tu me prends par la la main sans mot dire,​

ô mon Impératrice de Gloire,
et tu m’emmènes en ton domicile.
Bientôt j’écrirai à la face du monde
la magnificence de notre Passion si pure et si féminine !​

Sophie Rivière​